clic sur image pour agrandir
sinon lire ci-dessous
sinon lire ci-dessous
En rencontrant l’autisme qui m’est tombé dessus à la
manière d’un coup de foudre, c’est en même temps au regard des autres que j’ai
dû me confronter. Mon expérience hors-norme de neurotypique en amour avec
un Asperger inquiéta mes proches au point qu’ils en vinrent à douter de ma
santé mentale. Il faut bien avouer que le parcours s’est fait avec des excès à
la limite parfois du supportable. Néanmoins je ne pouvais admettre les
arguments chocs qu’ils avançaient pour m’inciter à quitter cet homme : mon
avenir ne pouvait se construire avec un « malade » je ne devais pas
m’attacher à quelqu’un qui « n’éprouverait jamais rien, me ferait
souffrir, ne serait pas capable de se mettre aux normes » et j’en passe.
Quant à mon psy il m’interrogeait pour savoir ce que j’attendais « d’un
homme présentant une psychose ».
Je pris ici pleinement conscience
de ce que l’on nomme l’exclusion qui de toute évidence allait de pair avec
l’ignorance. Les autistes faisaient partie des bannis et pour ne pas souffrir
mieux valait ne pas nouer de liens avec eux. Laisser tomber cet homme qui avait
touché mon cœur sous prétexte qu’il ne serait jamais un homme comme les autres…
de ça je n’avais pas envie. Je décidai d’assumer, laissant à leurs convictions
ceux qui refusaient d’admettre que l’autisme n’est pas une tare. D’autres mains
heureusement se sont tendues, de celles qui avaient fait le chemin avant moi et
acceptaient de me faire une place. Grâce à ma persévérance mon ami a pu être
diagnostiqué et il accède désormais à
un chemin social et professionnel. C’est ma plus belle victoire. De mes
proches, certains persistent à considérer l’autisme comme une maladie. D’autres
ont accepté d’ouvrir leurs yeux, leur esprit, leur coeur, et c’est pour moi une
autre victoire. S’ouvrir à la différence, y inviter les autres et permettre de
dépasser tous les préjugés est à mon sens ce qui constitue une véritable amorce
de l’inclusion, au sens littéral du mot par opposition à l’exclusion. Aller
plus loin encore en admettant que les compétences des personnes présentant un
TSA méritent d’être mises en valeur c’est faire un pas de plus vers le vivre
ensemble. Si les enfants peuvent compter sur une nouvelle loi de 2014
favorisant l’inclusion scolaire, les adultes, ont toujours beaucoup de mal pour
trouver la place qui est la leur. Soit il faut accepter d’en passer par le
statut d’adulte handicapé, soit il faut s’adapter, toujours s’adapter pour
vivre le plus « normalement » possible. Je comprends l’amertume des
Aspergers qui déplorent la négligence des neurotypiques à leur égard, leur
fermeture d’esprit et de cœur. J’espère
que la tendance pourra s’inverser. Je m’y emploie tout comme le font tellement
d’associations oeuvrant pour l’autisme, en portant mon bâton de pèlerin ici et
là pour témoigner que même l’amour avec un Asperger est possible. Même
l’Amour ! Ça n’est pas peu dire !
A défaut de convaincre la
majorité des NT, je voudrais dire aux NaT : « Continuez d’espérer. Il
existe des neurotypiques qui ont envie de faire avec vous le chemin. Sachez les
reconnaître et acceptez la porte ouverte. C’est ensemble, en témoignant que
c’est possible et tellement formidable que nous parviendrons à faire admettre à
la fois la nécessité de l’inclusion et son immense richesse humaine. »
Marie d’Ardillac.
Enseignante et écrivain,
auteur d’Aspie je t’M
http://mariedardillac.blogspot.com
précision : NT : pour neurotypiques > désigne les personnes qui ne présentent pas le syndrome d'Asperger (SA) ou TSA (trouble du spectre autistique)
NaT : pour neuroatypiques > désigne les personnes présentant le SA ou TSA.
Voir par ailleurs sur ce blog : Ma réponse à l'ignorance
http://mariedardillac.blogspot.fr/2015/10/reponse-la-stupidite.html